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— C’est ce qui vous trompe !

— Je le regrette beaucoup !

Isaïe avait lancé cette phrase sans conviction et pour dire quelque chose, car il savait parfaitement que son débiteur ne pouvait faire honneur à sa signature. Le matin même, un certain Roland, employé au Cercle impérial, lui avait appris que, la nuit dernière, il avait perdu sur parole une somme importante.

Cependant il ajouta avec le ton d’un homme fort désolé :

— Comment faire ?

— C’est la question que j’allais vous adresser. Voyons, mon cher créancier, est-ce qu’il n’y a pas vraiment moyen d’apprivoiser un peu le porteur de cette malheureuse traite ? Si vous lui proposiez un renouvellement à trois mois… avec un intérêt raisonnable ! Cinq mille francs, par exemple.

— Sans doute, sans doute, mais dans trois mois, ne devrez-vous pas tout simplement cinq mille francs de plus ?

— Dans trois mois, je pourrai payer, je l’espère, car je suis décidé à suivre votre conseil à me remarier.

L’usurier ne put dissimuler la joie que lui causait cette décision et demanda vivement :

— Avez-vous déjà quelque grosse dot en vue ?

— Non, mais je compte un peu sur vous.

— Sur moi ?

— Parfaitement ! Quand vous m’avez dit, la dernière fois que j’ai eu le plaisir de vous voir, que, seul, un mariage riche pouvait me tirer d’embarras, j’ai supposé que vous aviez quelque jeune fille à me proposer. Est-ce que je me suis trompé ?