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Il connaissait tout ce qui se passait dans le monde interlope, aussi bien dans les plus petits cabinets d’affaires que dans les grandes agences matrimoniales et chez les femmes déclassées, auxquelles il savait à l’occasion offrir cinq louis, quitte à leur faire traiter le lendemain une opération, de quelque genre que ce fût, qui le faisait rentrer dans son déboursé… avec un bénéfice de 100 %.

Enfin, dans tous les grands clubs, il était en rapport avec quelque employé, quelque prêteur, ce qui lui permettait d’être au courant de la situation financière et des mœurs de ceux des membres de ces cercles qui pouvaient lui être adressés.

C’est ainsi qu’il était entré un jour en relation avec le duc de Blangy-Portal.

À cette époque, Robert venait de perdre sa femme et n’était pas ruiné, mais voulant, par prudence et peut-être aussi par pudeur, dissimuler à son notaire une partie de ses besoins d’argent, il avait dejà recouru aux emprunts.

Dans les commencements, Blumer se montra facile, relativement peu cher, mais bientôt, en vertu, de cet axiome d’économie que l’intérêt de l’argent doit croître en raison directe des risques que court le prêteur, il multiplia les intérêts, exigea garantie sur garantie, hypothèque sur hypothèque, jusqu’au matin où il répondit à son noble client, qui lui demandait cinq cents louis :

— Il me serait impossible d’augmenter votre compte d’un seul billet de mille francs, et je crains fort, au contraire, que le renouvellement de ceux de vos effets dont l’échéance est prochaine me soit refusé.