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Ses seuls bons jours étaient ceux qu’il passait à la campagne, à Morceil, près d’Angers, chez sa grand’tante maternelle, la comtesse de Lancrey.

Il y allait chaque année pendant près de trois mois, en été, mais M. de Blangy-Portal, lui, n’y mettait jamais le pied.

Mme de Lancrey, fort âgée, veuve et sans enfants, n’avait jamais pardonné à son neveu la rapidité avec laquelle il avait oublié cette pauvre jeune duchesse dont sa conduite avait hâté la fin, et si Robert lui envoyait son fils, ce n’était certes pas par déférence, mais tout simplement parce qu’il était l’unique héritier de sa vieille tante, et aussi parce qu’il était bien aise d’être tout à fait libre en juillet, août et septembre. Il les employait à courir, en compagnie de Guerrard, les villes d’eaux, en commençant par Trouville, pour finir par Biarritz, partout enfin où on jouait.

Bien qu’elle habitât constamment la province, Mme de Lancrey n’ignorait rien des désordres du duc ; elle le savait ruiné ou sur le point de l’être, et c’était pour obéir à ses instructions que maître Darimont, le notaire de la famille de Pressençay, était demeuré inflexible lorsque son noble client avait tenté de mordre au million qui appartenait en propre à son fils.

De plus, toutes ses dispositions étaient prises pour que sa fortune, qui était assez considérable, ne tombât jamais entre les mains de ce neveu prodigue, joueur et débauché, pour qui elle n’avait que du mépris.

Quant au précepteur du jeune comte, l’abbé Monnier, c’était un excellent homme, mais à l’esprit assez borné, et comme, à son entrée dans l’hôtel, Robert ne lui avait jamais parlé que des illustrations de sa