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ducal, si peu de temps qu’ils dussent rester ouverts à l’occasion des noces du chef de la maison.

Or M. de Blangy-Portal supposait que son plus fort créancier, Isaïe Blumer, avait quelque jeune personne de ce genre-là à lui proposer, et il avait hâte de lui dépêcher Paul pour sonder le terrain.

En attendant son retour, il se mit à sa toilette, et quand son valet de chambre vint lui demander s’il déjeunerait avec son fils, il répondit :

— Oui, priez M. l’abbé de se mettre à table avec son élève. Je descends tout de suite.

Cinq minutes après, il rejoignait le jeune homme et son précepteur, avec lesquels il prenait d’ordinaire son repas du matin, tandis qu’il ne dînait jamais chez lui.

Gontran vint au-devant de son père, qu’il embrassa avec plus de cérémonie que d’effusion ; l’abbé s’inclina davant le duc, qui lui rendit son salut d’un mouvement de tête, et ces trois seuls convives prirent place dans cette vaste salle à manger où jadis le vieil ambassadeur réunissait trente invités, une fois au moins par semaine

Le fils de Robert venait d’avoir onze ans. C’était un bel enfant, distingué, intelligent, mais déjà volontaire, vaniteux, et dont une éducation fausse devait modifier les bons instincts naturels.

Séparé depuis près de deux ans de la gouvernante à laquelle il avait été confié le lendemain de la mort de sa mère et mis entre les mains d’un ecclésiastique, il vivait sans camarades de son âge, loin de cette existence en commun qui assouplit les caractères et prépare aux luttes de l’avenir.