Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/515

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Aussitôt il se passa une chose étrange !

Après avoir répondu d’abord par une légère pression, peut-être seulement automatique, à cette marque d’affection, qui, dans son esprit, ne pouvait lui être donnée que par le docteur, M. de Blangy-Portal sentit que cette étreinte si douce ne venait pas de lui et que ces mains si petites n’étaient pas celles de son ami.

Alors il entr’ouvrit tes paupières, fit un effort surhumain pour voir, comprendre, se souvenir, et tout à coup, reconnaissant la duchesse, il murmura avec un accent d’admiration :

— Vous, Claude, vous ! Ah ! merci, merci !

Et s’adressant à Guerrard :

— Que tu es bon de l’avoir appelée ! Je vais donc mourir pardonné !

Puis, à Mme de Blangy-Portal :

– Car vous me pardonnez, n’est-ce pas ? Aimez-le bien ; il m’a soigné comme un frère. Si j’avais pu être sauvé, il…

— Robert !… supplia la jeune femme.

Mais le duc ne répondit pas.

Il s’était soulevé à demi ; ses yeux humides allaient de Claude à Paul ; toute sa physionomie reflétait une sorte d’extase, comme s’il voyait au delà du monde extérieur ; sur son visage, qui se grippait dans les affres de la mort, le calme remplaçait les crispations de la douleur ; sur ses lèvres errait un affectueux sourire, et soudain, alors que ceux qui assistaient à cette lutte suprême de l’âme et de la chair, se penchaient sur lui, inquiets de ces transformations, trop souvent derniers éclairs de la vie, il dit à Guerrard, en