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tercepté les communications, et le 29, le 1er corps bavarois s’était répandu dans le pays, en brûlant et massacrant tout devant lui, jusqu’au moment où la résistance eut cessé.

La duchesse alors s’était enfermée dans sa villa et si, pendant quatre longs mois, son âme avait subi toutes les tortures patriotiques et son cœur toutes les angoisses de l’amante ; si elle avait beaucoup pleuré et prié pour la France envahie, pour Paul et même parfois aussi pour l’époux dont elle avait tant à se plaindre, elle n’avait pas souffert, du moins matériellement. C’est à peine si, ça et là, de temps en temps, elle avait aperçu quelques soldats ennemis, en promenade ou en maraude à Verneuil.

C’est là que Germain l’avait trouvée et informée de l’état de son maître. Sans hésitation, elle s’était mise en route et, pendant le voyage, l’honnête femme n’avait pas voulu s’arrêter à cette pensée que, si elle allait remplir un devoir, elle allait aussi rejoindre l’ami si cher. Mais lorsque, sur le seuil du hall, elle se vit en face de cet ami, pâle et tremblant, son cœur battit à se rompre et les forces lui manquèrent. Guerrard n’eut que le temps de la recevoir dans ses bras.

Mais cet enlacement ne dura qu’une seconde. Instinctivement, tous deux, ils en éprouvèrent une sorte de remords et, sans échanger une parole, ils entrèrent dans la pièce où le duc, arrivé au dernier moment de lutte, épuisé par le mal, presque toujours en proie au délire, ne se rendait plus compte que par intermittence de ce qui se faisait autour de lui.

Claude, redevenue vaillante, s’approcha du lit et prit l’une des mains de Robert entre les siennes.