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Français de songer à augmenter sa fortune. De plus, tout comme moi, vous pouvez être tué devant l’ennemi. Ce n’est donc pas le moment de faire de vous un débiteur. Après la guerre, nous verrons ! » — Ah ! n’avais-je pas raison de trouver absurdes autant qu’injustes tes préjugés à l’égard des Israélites ?

— Soit ! mais en attendant, tu vois que je ne suis bon qu’à me faire casser la tête ! Seulement je veux que la fin de mon existence, si bêtement gaspillée, serve à quelque chose ! Je ne veux m’en aller qu’après avoir abattu le plus grand nombre possible de barons de Groffen. Et comme ils ne sont pas ici, je vais les chercher dehors !

M. de Blangy-Portal, en effet, était de toutes les sorties, que son bataillon fît ou ne fît pas partie des troupes engagées.

C’est ainsi que, successivement, il prit part, le 22 décembre, à l’affaire de la Ville-Evrard, où le général Blaise tomba mortellement frappé ; le 27, au combat du plateau d’Avron ; le 9 janvier, à la vigoureuse attaque sur la ligne de Strasbourg ; le 7, à la bataille de Bondy, pendant laquelle le fils de l’amiral Saisset fut tué dans le fort de Montrouge, et que, le 19 du même mois, il était au premier rang de sa compagnie, lorsqu’elle s’élança à l’assaut de la redoute de Montretout.

L’action avait bien débuté, la garde nationale s’était admirablement conduite, et la journée semblait devoir être bonne, quand, vers quatre heures, mis en péril par les batteries allemandes établies à Rueil, le général Ducrot dut céder devant un retour offensif de l’ennemi.

La nuit arrivait, le brouillard était intense et le ter-