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mann, se termina tout à ta louange de son meurtrier.

C’est ce nom que portait l’acte de décès de Durest. Le passé était donc enterré avec lui.

Malheureusement, quand une quinzaine de jours se furent écoulés, les sorties devenant plus fréquentes, la saison plus rude, les privations plus grandes et, par conséquent, les blessés et les malades plus nombreux, Guerrard dut laisser peu à peu M. de Blangy-Portal à lui-même ; et alors, seul avec le souvenir passionnel qu’il conservait de Léa, frappé au cœur par son abandon et dans son honneur par sa complicité d’espionnage, si involontaire qu’elle eût été, le malheureux se laissa envahir par les regrets et les remords.

Dès ce moment, se disant que sa vie était, sans but, il fut pris d’une exaltation folle et, ne se contentant plus de faire bravement son métier de soldat, il se lança, tête baissée, dans la lutte, peut-être par désespoir seul, mais peut-être aussi pour se réhabiliter à ses propres yeux, en tombant, si le sort le voulait, sur le champ de bataille.

Lorsqu’il se trouvait seul avec son ami, Paul tentait vainement de le calmer.

— Eh ! pourquoi veux-tu que je désire vivre ? répondait Robert. J’ai souillé le nom de ma race dans la plus abominable des complicités. Je ne tiens à rien, rien ne tient à moi, et je n’ai plus le sou ! Tout le crédit d’Isaïe Blumer lui-même ne pourrait me tirer d’affaire aujourd’hui. J’ai d’ailleurs tenté vainement d’avoir recours à lui. Il m’a fièrement répondu : « Monsieur duc, aux jours où je vous prêtais de l’argent ont succédé des jours qui interdisent à un bon