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arrêté qu’un instant chez son malade du boulevard Malesherbes.

Il avait en quelque sorte été témoin de l’événement, car il était à l’angle de la rue de Prony au moment où le duc, comme par une justice divine, faisait tomber Durest, râlant, à l’endroit même où, dans la nuit du drame de l’hôtel Frémerol, il avait dévalisé le cadavre de Mourel.

Cependant l’espion, placé sur le lit de camp du poste, avait rouvert les yeux.

Un large flot de sang s’échappait de la blessure qu’avait faite la balle, qui lui avait traversé le cou et sectionné la moelle épinière.

Rappelé par cette vue à son devoir professionnel, Paul s’approcha de lui, mais, en faisant ce mouvement, il démasqua le duc.

Alors le faux Alsacien vit l’amant de Léa, son regard devint haineux, il fit un mouvement de la main, comme pour l’appeler, et, dans un horrible effort, se mit à bégayer :

— Ah ! duc de Blangy-Portal… assassin ! Eh bien ! Jean Mourel… Mme Frémerol, Rose Lasseguet… C’était… c’est elle…

Le misérable, que Guerrard avait envie d’étrangler plutôt que de le soulager, ne put, heureusement, en dire davantage. Ses lèvres s’agitèrent quelques secondes encore, mais sans émettre aucun son, et tout à coup il rendit le dernier soupir, en emportant son redoutable secret.

C’était l’époux de Claude lui-même qui, par un meurtre, non pas seulement excusable, mais des plus légitimes, venait d’assurer le repos de l’adorable femme