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les intérêts annuels de ces hypothèques s’élevaient à près de 15.000 francs.

Or pour le duc, dont le train de maison exigeait une somme assez considérable, puisque son fils, âgé d’une dizaine d’années, habitait avec lui et avait un précepteur et une femme de chambre, pour le duc, disons-nous, une cinquantaine de mille livres de rentes était en quelque sorte la gêne. Il lui restait à peine une douzaine de mille francs comme argent de poche, une misère !

Il était donc véritablement aux abois. Ainsi qu’il l’affirmait à son ami, il était encore plus gêné que lui.

Mais, ce qui n’était pas moins vrai, c’est que tout en étant persuadé que, seul, un mariage riche pouvait le sauver, il comprenait fort bien que, dans son monde, il trouverait difficilement un père qui voudrait de lui pour gendre.

C’était donc ailleurs qu’il fallait chercher. Son orgueil se révoltait encore à la pensée d’une mésalliance, mais Paul ne désespérait pas cependant de l’y amener. Aussi lui répliqua-t-il :

— Mon bon, qui veut la fin veut les moyens ! Si j’avais l’honneur d’être titré duc et le désagrément, que je partage avec toi, de n’avoir plus le sou, je n’hésiterais pas une seconde à redorer mon blason avec les écus de quelque financier vaniteux. Que diable ! le pavillon couvre la marchandise. Ces gens-là ont des filles jolies, élevées au Sacré-Cœur ou aux Oiseaux, et le jour où une demoiselle Pitanchard, Moulinet ou Bigorneau s’appellera duchesse de Blangy-Portal, sois bien certain qu’on ne se souviendra pas, un mois après son mariage, du nom de ses illustres ascendants.