Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/497

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tait toujours courageusement les dangers et les privations du siège, et ne paraissait pas songer à user du droit qu’elle avait, en qualité d’étrangère, de quitter la ville, à l’aide de l’un des sauf-conduits que M. Washburne, le chargé d’affaires des États-Unis d’Amérique, était autorisé à délivrer à ses nationaux.

Quant à Schumann, il ne rentrait à l’hôtel de la rue de Prony, son service fait, qu’avec des brassées de journaux, de proclamations et de brochures.

On eût juré qu’il voulait collectionner tout ce qui s’écrivait à Paris, dans la fièvre du patriotisme et de la résistance.

Les choses duraient ainsi depuis deux longs mois, le cercle de fer et de feu s’était resserré autour de la grande cité, dont les forts armés par les marins interdisaient l’approche à l’ennemi ; un ballon avait transporté Gambetta à Tours ; des sorties vigoureuses avaient eu lieu, d’un côté jusqu’au plateau de Châtillon, de l’autre jusqu’à Buzenval ; les plus jeunes soldats se battaient comme des vétérans ; le commandant Baroche s’était fait tuer en héros au Bourget ; la population restait calme, les femmes étaient admirables de dévouement et de résignation, de temps en temps il arrivait, par pigeons, des nouvelles de province qui n’annonçaient pas de nouveaux désastres, mais au contraire une résistance qui permettait d’espérer en l’avenir ; tout enfin tenait haut les cœurs, lorsqu’un jour de novembre, en sortant de chez un blessé qu’il était allé voir rue de Chaillot, Guerrard lut dans l’un des journaux du matin l’entrefilet suivant, extrait des dépêches photomicrographiques arrivées du dehors et, après agrandissement, communiquées à la presse.