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logé dans une petite chambre, dans les combles de son hôtel. Privé des appointements que lui payait M. de Groffen, le pauvre diable est absolument sans ressources.

Décidément la fatalité poursuivait la malheureuse Geneviève jusque dans la tombe. Le seul homme que sa mémoire eût à craindre allait vivre sous le même toit que son gendre. Guerrard, épouvanté, gardait le silence.

— Eh bien ! reprit alors M. de Blangy-Portal, c’est à mon tour de te demander des nouvelles. La duchesse est toujours à Verneuil, tu es allé la voir. Comment va-t-elle ? Est-elle un peu plus calme ? Et la fillette ?

— Je n’ai vu ta femme que deux ou trois fois, répondit Paul qui avait eu le temps de se remettre ; elle prend son mal en patience et, en attendant, elle va presque bien. Quant à ta petite Thérèse, elle pousse à ravir.

— J’en suis enchanté et je les verrai bientôt, car je vais faire revenir Claude.

— Tu n’y penses pas !

— Pourquoi non ?

— Mais, mon pauvre ami, nous pouvons être bloqués d’un jour à l’autre. Tu ignores donc les mouvements des armées allemandes ? Qui sait ce qui se passera si nous avons un siège à subir ! Ce n’est pas ici la place des femmes et des enfants. Gontran est à l’abri en Bretagne, chez sa tante, laisse ta femme à Verneuil, en lui recommandant de gagner la Normandie et même les îles anglaises, si elle craint d’être inquiétée par l’invasion.

— En effet, ce serait peut-être préférable.