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— Votre rentrée ! Elle est revenue avec toi ?

— En quoi cela est-il extraordinaire ?

— Dame ! mon cher ami, il me semble que l’heure des folies amoureuses et du gaspillage d’argent est passée. C’est de notre sang seul que nous avons le droit d’être prodigue aujourd’hui.

— Peste ! quel élan patriotique ! Je le partage et je t’admire, tout en ne désespérant pas de l’issue favorable pour nous de cette lutte inégale, mais je ne comprends pas que la présence de Léa près de moi te révolte à ce point. C’est une fille énergique qui vaut mieux que tu ne supposes. Elle ne m’empêchera jamais de prendre un fusil, au contraire ! Si je lui avais parlé de passer en Angleterre, je suis certain qu’elle aurait refusé avec mépris de partir avec moi.

— Je suis ravi de m’être trompé. Et ton ami M. de Groffen ?

— Il a disparu tout à coup la veille ou l’avant-veille de la déclaration de guerre. Ce brave garçon, il aime tant la France, Paris et nous trois, qu’il doit être désolé ! Il n’a pas même osé nous faire ses adieux !

— Et son secrétaire ?

— Schumann ? Il voulait retourner dans son pays, aux environs de Strasbourg, mais il n’y serait jamais arrivé, et nous lui avons persuadé de rester parmi nous, où sa connaissance de la langue allemande lui permettra de se rendre utile.

— Nous ! Qui ça nous ? C’est toi qui a donné ce conseil à ce Schumann ?

— C’est surtout Mme Morton.

— Alors il est à Paris ! Où cela ? Chez toi ?…

— Non pas ! Léa, toujours bonne et généreuse, l’a