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tout entier à cette coïncidence étrange de rentrée, dans le milieu où vivait le duc, du seul homme qui fût dangereux pour sa femme.

Était-ce le hasard seul qui avait amené Durest à Paris ? Le baron Groffen connaissait-il les MM. Oulmann et, à l’un de ses derniers voyages au Havre, où il allait assez souvent, s’était-il adressé précisément à eux pour avoir un secrétaire ?

Cela se pouvait, mais n’expliquait pas ce nom de Schumann et cette qualité d’Alsacien que l’ancien condamné avait pris. Peut-être était-ce simplement pour échapper à la police de sûreté et au dangereux article 47, qui lui interdisait le séjour de Paris. À moins qu’il n’eût obtenu une autorisation spéciale ou se fût fait relever de la surveillance ? Alors il n’aurait pas changé de nom.

Durest était donc à Paris incognito, on n’en pouvait douter. Dans quel but ? Seulement celui de gagner honnêtement sa vie ?

Guerrard avait de fortes raisons pour ne pas le croire et, fort inquiet, puisque, d’un seul mot, le vieil ami de Mourel pouvait rendre inutile le sacrifice que Geneviève avait fait de sa vie, il se promit de ne point le perdre de vue un seul jour et de redoubler, grâce à Germain et à Suzanne, de surveillance autour de la duchesse, contre qui le triste sire voulait peut-être se livrer à quelque ignoble chantage.

Le docteur avait au moins une supériorité sur ce dangereux individu, c’est que celui-ci ne le connaissait pas et qu’ignorant l’intimité dans laquelle il vivait avec Mme Frémerol au moment de la mort de Mou-