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amitié, pour ne pas l’abandonner complètement à son existence honteuse, lorsque la jeune femme, après avoir lu un billet que l’un de ses gens lui avait apporté, dit à ce domestique, en s’excusant gracieusement du geste auprès de son visiteur :

— Faites entrer le secrétaire de M. le baron.

À la vue du personnage qui parut presque aussitôt, le docteur étouffa un cri de stupeur.

C’était Charles Durest.

Quoiqu’il eut laissé pousser sa barbe et lors même qu’il n’eût pas été louche, Guerrard ne pouvait s’y tromper. Les traits de l’ami de Mourel étaient trop bien gravés dans sa mémoire.

Durest, secrétaire de l’ami le plus intime de M. de Blangy-Portal ! Durest, chez la maîtresse du mari de Claude ! Il y avait de quoi troubler l’esprit le plus ferme.

Cependant le défenseur de la duchesse ne broncha point et l’ex-clerc d’huissier n’eut pas l’air de le reconnaître. Il est vrai qu’il ne l’avait aperçu qu’une fois, au Havre, à travers le grillage de son bureau mais quand, après avoir reçu réponse verbale au billet de son maître, le misérable fut sorti, Guerrard ne put s’empêcher de dire à Léa :

– Où diable M. de Groffen a-t-il pêché ce secrétaire-là ? Il est affreux.

— Ça, c’est vrai, il n’est pas beau ! fit en riant l’Américaine. Mais il parait qu’il est fort utile au baron. C’est un brave Alsacien. Il s’appelle Schumann et travaille beaucoup.

Paul se garda bien d’en demander davantage, mais lorsqu’il eût pris congé de la Morton, son esprit fut