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Les bureaux de MM. Oulmann et Cie étaient sur le quai du Commerce. Le docteur y entra un matin, sous le prétexte de demander un renseignement, et ce fut précisément à Durest qu’il s’adressa. Il le reconnut tout de suite au portrait que lui en avaient fait Mme Frémerol et sa tante.

C’était bien là le personnage que le garçon du buffet de Mantes avait vu avec Jean Mourel. Il était peut-être moins maigre et moins blême que vingt années auparavant, mais son strabisme faisait si bien comprendre les lunettes bleues avec lesquelles il avait été signalé, qu’il n’était pas permis d’avoir l’ombre d’un doute sur son identité.

L’employé de MM. Oulmann était confortablement vêtu, et, au moment où il finissait de lui donner des explications sur les prix de diverses traversées, les départs et arrivées des bâtiments, le docteur aperçut, accrochée à l’une des boutonnières de son gilet, une chaîne d’or que, par une sorte d’éclair de mémoire, il lui sembla reconnaître.

Alors, tirant sa montre de son gousset, il lui demanda tout à coup, en homme dont les minutes sont comptées :

— Ah ! pardon je crois que je suis en retard ; soyez assez aimable pour me donner l’heure exacte.

— Cinq heures et demie juste, répondit l’ancien complice du faussaire, en exhibant un superbe chronomètre, de fabrique étrangère bien certainement.

Guerrard remercia, salua et sortit. Il était fixée.

Non seulement ce Charles Durest accompagnait à Mantes et à Paris Mourel, avec qui sans doute il était resté en correspondance à Guyane anglaise, d’où il