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fouie au fond d’un carton, dans le cabinet du juge d’instruction, M. Destournel, que Guerrard connaissait depuis son enfance — leurs pères avaient été fort liés — et c’est lui-même qui avait dit un soir, chez des amis communs, où le docteur l’avait adroitement interrogé :

« Ma conviction est que ce Jean Mourel a été assassiné par des rôdeurs d’autant plus difficiles à découvrir qu’ils ne connaissaient certainement pas leur victime. C’est le hasard seul qui a amené cette rencontre. De plus, ce Mourel n’avait aucune relation à Paris ; il n’y était arrivé que depuis peu de jours, et s’il a été vu à Mantes avec un ami, cet individu était sans doute venu en France avec lui. Enfin, si c’est ce même individu qui l’accompagnait encore au café de la place des Ternes le soir du meurtre, il est reparti bien vite le lendemain, lorsqu’il a appris la mort de Mourel, afin de ne pas être compromis dans ce mystérieux attentat. »

Il n’était pas absolument impossible que les choses se fussent passées de la sorte. Aussi Guerrard, bien qu’il sût le contraire, avait-il applaudi comme tout le monde à la perspicacité du juge d’instruction.

Enchanté de l’effet qu’il produisait, M. Destournel avait alors poursuivi :

« Qui sait si cet inconnu n’était pas un ancien camarade de Cayenne ? Cependant Jean Mourel n’avait là-bas qu’un seul ami, un nommé Pierre Rabot, qui s’est noyé dans le Maroni. Il avait bien été fort lié jadis, avant sa condamnation à Reims, avec un nommé Charles Durest, son complice ; mais, après avoir subi sa peine à Clairvaux, où il s’était fort bien conduit, ce