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permettes de continuer à vivre à Verneuil, je n’ai besoin de rien plus ! Si je t’ai priée de venir ici aujourd’hui, c’est parce que Me Duhamel a préparé l’acte de donation entre vifs par lequel je veux me débarrasser tout de suite de cette succession qui est à toi, à toi seule !

Cette succession est fort bien entre tes mains. Plus tard nous verrons. Je t’en prie, ne changeons rien momentanément à ce qui est. J’ai des motifs personnels pour que ma situation de fortune ne soit pas du tout modifiée.

— Qu’allez-vous faire de l’hôtel de la rue de Prony ? observa Me Duhamel.

— Si ma tante le veut, nous le laisserons tel qu’il est, sous la surveillance des jardiniers et du vieux valet de chambre Dupuy, après en avoir enlevé tout ce qui était à l’usage particulier de ma mère.

— Si je le veux ! mais je t’en conjure, agis à ta guise, ne me compte pour rien !

— Alors, mesdames, c’est convenu en attendant que vous en ayez décidé autrement, nous laisserons les choses en état, fit le notaire en se levant pour reconduire respectueusement ses deux clientes, qui venaient de faire devant lui, spectacle rare chez un officier ministériel, assaut de désintéressement et de générosité.

Quelques minutes après, seule avec sa tante dans le coupé où elle lui avait fait prendre place auprès d’elle, Claude lui dit :

— Du reste, j’ai l’intention de ne jamais rien faire sans consulter M. Guerrard. Ma mère avait en lui la confiance la plus absolue ; il en est digne, j’en suis