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à peu des émotions violentes qui l’avaient successivement assaillie. Comme pour se purifier de son abandon, si chaste cependant, sur l’épaule de son défenseur, elle s’était fait apporter sa fille et l’avait bercée longtemps. Ensuite elle avait rangé les écrins de sa mère dans le petit coffre-fort, en forme de meuble chinois, où elle enfermait tous ses bijoux, et s’était fait servir à déjeuner chez elle, décidée à ne plus se trouver désormais avec Gontran et son précepteur que quand il lui serait impossible de faire autrement.

Enfin, vers trois heures, elle sortit en voiture fermée, prit des brassées de roses chez son fleuriste ordinaire, s’en fut pleurer et prier sur la tombe de la pauvre Geneviève, au cimetière Montmartre, et à cinq heures, elle se rendit chez Me Duhamel, où Mme Ronsart l’attendait.

L’entrevue de la tante et de la nièce débuta par une explosion de douleur, et ce fut seulement lorsqu’elles lui eurent donné un libre cours que le notaire se hasarda à leur parler des questions pécuniaires dont il avait le devoir de les entretenir.

Il s’agissait d’ailleurs, tout simplement, de communiquer à la duchesse le testament de Mme Frémerol, mais Me Duhamel en avait à peine commencé la lecture que la jeune femme l’arrêta pour lui dire :

— Je vous en prie, n’allez pas plus loin. Je sais déjà, par le duc lui-même, comment ma chère et bonne mère a disposé de son bien. Elle a eu raison, je l’approuve, et je désire que toutes les dispositions qu’elle a prises soient religieusement respectées.

— Mais que veux-tu que je fasse de tout cela ? interrompit à son tour Mme Ronsart. Pourvu que tu me