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relative à l’assassinat de Jean Mourel conduisit jusqu’à Claude ; il était donc indispensable que le duc fut remis avec sa femme, d’abord, afin d’accepter moins amèrement sa déception à propos de l’héritage de sa belle-mère, et ensuite, plus tard, si elles se produisaient, les révélations, terribles pour son honneur, sur le passé et le crime de celle dont il avait épousé la fille.

C’était seulement pour atteindre ce but que Guerrard s’était menti à lui-même et avait menti à Mme de Blangy-Portal, ainsi qu’elle venait de le lui dire, ainsi que le lui reprochaient l’éclat fiévreux de ses regards et le tremblement de ses lèvres, qui semblaient répéter toujours : « Vous, vous, mon ami ! »

Alors, oubliant toutes ses résolutions, perdant tout courage, sentant son cœur battre à rompre sa poitrine, saisi par le vertige, Paul se laissa tomber à genoux et couvrant de baisers les petites mains qua la duchesse lui abandonnait, il s’écria :

— Ah ! pardon, pardon pour moi ! Oui, mon mensonge est misérable ! Oui je serais un lâche si je continuais à paraître le complice de cet homme qui vous torture sans pitié, vous, un ange de bonté, vous que j’aime à donner ma vie, mon honneur même s’il le faut pour briser la chaîne horrible à laquelle je vous ai rivée pour ma honte et mon châtiment !

Les paupières à demi-closes, le visage transfiguré, le sein doucement soulevé par l’émotion, Claude écoutait ces premières paroles d’amour qu’un homme lui eût jamais adressées. On eût dit que sa bouche souriante, entr’ouverte, murmurait encore encore lorsque soudain, devenant d’une horrible pâleur, elle repoussa