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une Léa Morton ; ses mensonges, ses bassesses pour avoir de l’argent ; oh ! pas ses infidélités, je ne l’ai jamais aimé, je le sens là, je l’ai seulement subi ; et au souvenir que parfois, jadis, il y a longtemps, je l’ai laissé revenir à moi et l’ai payé, oui payé, comme certaines filles, dit-on, paient certains hommes, mon cœur et ma chair se soulèvent de dégoût ! Et ce sont toutes ces choses immondes que vous me demandez d’oublier, de pardonner, vous, vous, mon ami !

Il était impossible de rêver plus admirable créature que l’était Claude dans son indignation.

Ses traits si doux reflétaient une incroyable énergie. Une autre femme surgissait en elle.

Guerrard était ébloui.

L’accent avec lequel elle avait prononcé ces derniers mots « Vous, mon ami ! » le troublait. Ils étaient plus qu’un cri de reproche ; ils résonnaient à son oreille comme un soupir de tendresse incomprise.

Il demeurait muet, interdit.

S’il s’était exprimé à propos de Robert ainsi qu’il venait de le faire, ce n’était certes pas qu’il pensât un seul mot de ce qu’il avait dit à sa femme pour le défendre ; ce n’était pas même parce qu’il lui avait promis de plaider pour lui, c’était parce que, dans l’immensité et l’abnégation de son affection, il pensait dangereux un désaccord plus profond entre les deux époux.

M. de Blangy-Portal allait bientôt apprendre que Mme Frémerol n’avait pas laissé la duchesse les millions sur lesquels il comptait pour satisfaire ses créanciers et Léa ; il se pouvait toujours que, passant par-dessus le cadavre de la pauvre Geneviève, l’enquête