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Elle l’avait reçu quelques minutes auparavant de Mme Ronsart, avec tous les bijoux de Mme Frémerol et un mot la priant de venir sans faute, à cinq heures du soir, chez Me Duhamel, qui avait une communication importante à lui faire.

Au bruit des pas de Paul, Claude releva la tête et lui tendit les deux mains, mais sans prononcer un seul mot.

Sa vue lui rappelait les moindres épisodes des deux terribles journées qu’elle venait de passer, et, de nouveau, les sanglots étouffaient sa voix.

— Je vous en conjure, madame, lui dit le docteur en répondantà son étreinte, reprenez un peu de courage. Vous vous rendez malade. Songez que vous avez une fille pour laquelle vous devez vivre. Cette enfant n’a que vous.

— Ah ! oui, que moi ! gémit la duchesse, vraiment moi seule ! Si vous saviez !

— Je sais tout ; et c’est pour cela que je me permets de me présenter de si bonne heure. Robert m’a fait appeler ce matin ; il m’a raconté la scène pénible qu’il a eue avec vous hier, et comme il reconnaît qu’il est allé plus loin qu’il n’en avait l’intention, il m’a chargé de vous exprimer tous ses regrets de la peine qu’il vous a faite involontairement. Il craignait que vous ne restassiez pas maîtresse de votre douleur si légitime ; c’est là son excuse. Son grand désir est que vous oubliez ce qu’il vous a dit dans un moment où vous étiez plus que jamais digne d’égards et de ménagements.

Au fur et à mesure que Guerrard parlait, l’étonnement de Mme de Blangy-Portal se faisait plus grand.