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femme si cruellement frappée dans son orgueil et dans son cœur.

Et il savait que ce mari ne regrettait ce qui s’était passé que par peur de ne pas pouvoir augmenter ses revenus ! Cependant il n’y avait pas de milieu : ou il devait plaider sa cause au risque de passer un peu pour son complice, ou il devait reconnaître avec la duchesse qu’elle n’aurait jamais assez de haine et de mépris pour celui dont elle avait le malheur de porter le nom !

Le docteur était à ce point absorbé dans ses pensées que, sans se douter qu’il fût déjà arrivé au premier étage, il se heurta en quelque sorte à Suzanne, sur le seuil de l’appartement de sa maîtresse.

Cet appartement se composait d’un boudoir ; séparé d’un salon par de lourdes tentures, d’une chambre à coucher, d’un grand cabinet de toilette et d’une vaste garde-robe, que Mme de Blangy-Portal avait transformée en nursery pour que sa petite fille fût tout près d’elle avec sa nourrice.

Il lui arrivait souvent le soir de faire rouler le berceau de Thérèse auprès de son lit.

C’était en regardant dormir l’enfant que la mère se consolait un peu de ses douleurs d’épouse.

C’est dans la seconde de ces pièces que Claude attendait Guerrard.

Au moment où il franchissait le seuil du salon, la jeune femme, vêtue d’une robe de crêpe de Chine noir et ses beaux cheveux simplement tordus sur sa nuque, laissait couler ses pleurs, ses yeux arrêtés sur un grand écrin ouvert devant elle et où brillait un superbe collier de perles qui avait appartenu à sa mère.