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— Et il sortit.

Resté seul, M. de Blangy-Portal, le front soucieux, se promena de long en large, puis il se décida enfin à se coucher, en murmurant :

— Paul a un grand empire sur Claude ; il faut absolument qu’il me raccommode avec elle ! Je me suis vraiment conduit comme un niais, en ne me rappelant pas qu’elle venait d’hériter de plusieurs centaines de mille livres de rente !

Et sans autre remords que celui d’avoir été maladroit, sa double passion pour le jeu et pour une fille lui enlevant tout sens moral, il s’endormit.

Le lendemain matin, vers dix heures, au moment où le duc terminait sa toilette, Guerrard parut, en lui demandant :

— Tu m’as fait appeler. Es-tu malade ?

— Pas le moins du monde, tu le vois, répondit Robert d’un ton léger, mais j’ai besoin de tes bons offices auprès de ma femme.

— Auprès de la duchesse ! Que s’est-il donc passé de nouveau entre elle et toi ?

— Hier, lorsqu’elle est rentrée après l’enterrement de Mme Frémerol, j’avais si peur qu’elle ne se trahît devant mon fils et l’abbé par quelque explosion de larmes, que je lui ai fait tout naturellement des recommandations de prudence. Elle les a mal prises ; je me suis emporté ; je n’ai pas été fin, je l’avoue, et nous nous sommes séparés dans de fort mauvais termes. Or, sans compter que je ne voudrais pas que Claude me supposât assez bête ou assez méchant pour trouver son chagrin ridicule, il y a encore autre chose que tu devines.