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La politique ne lui répugnait pas moins. Quand on lui demandait son opinion sur quelque question internationale, il répondait galamment et gaiement :

— La France a les plus jolies femmes du monde entier, et Paris est la seule ville ou les intelligents ne s’ennuient jamais !

Grâce à ces façons de faire et de dire, le baron Herbert était reçu partout ; il était membre à titre étranger de plusieurs clubs des mieux cotés ; le demi-monde le prisait fort, et le duc était absolument fier de son amitié.

Si le matin du jour où nous sommes arrivés, Robert n’avait pas été de l’excursion au Mont-Valérien, c’est qu’une affaire des plus pressantes l’avait retenu à Paris. Nous savons qu’il était allé aussi rue de Lille, où il avait prouvé une fois de plus à la duchesse combien l’orgueil étouffait en lui tout sentiment généreux, lorsqu’il n’avait pas d’intérêt à sacrifier cet orgueil même à quelque besoin d’argent.

Il écoutait donc avec plaisir, bien que cela, au fond, l’intéressât fort peu, le récit que faisait la Morton de sa promenade, et il allait lui adresser quelque compliment sur la bonne mine que lui avait donnée l’air vif de l’automne, lorsqu’elle reprit tout à coup :

— À propos, j’ai aperçu M. Guerrard ce matin au moment où nous passions devant l’hôtel Frémerol ; le convoi en sortait et il en faisait partie. Il connaissait donc cette femme-là ? Comment ne nous l’a-t-il jamais dit ?

— Il était peut-être son médecin, répondit M. de Blangy-Portal, d’un air indifférent.

— Oh ! les médecins n’accompagnent pas aussi loin