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taient du Cercle impérial, cette phrase qui peignait à merveille leur situation à tous deux :

— Ça serait cependant si simple d’en finir d’un seul coup !

Nous savons que Guerrard n’avait en rien partagé cette opinion, et M. de Blangy-Portal n’y était pas resté longtemps fidèle, puisque son premier soin, en arrivant chez lui, avait été de commander à son valet de chambre de servir du sherry et des cigares.

Ce n’était plus lui-même, mais seulement son chagrin, sans doute, que le noble viveur voulait noyer, une fois rentré dans l’hôtel de ses ancêtres.

Après avoir été pendant un quart de siècle, mais surtout dans les dernières années du règne de Louis-Philippe, un centre de réunion aristocratique et le théâtre de fêtes brillantes, cet hôtel de Blangy-Portal était devenu soudain maison à peu près close après la mort du vieux duc, qui avait été, sous Charles X, gentilhomme de la chambre, ambassadeur, puis, plus tard, l’un des chefs de l’opposition légitimiste contre la monarchie de Juillet.

Il était résulté des opinions politiques du chef de la famille que son fils unique Robert n’avait suivi aucune carrière, ni celle des armes, comme bon nombre de ses aïeux, ni celle de la diplomatie, comme son père.

Il était resté tout simplement, n’ayant pas même le goût des arts, des sciences ou des lettres, l’un des hommes les plus désœuvrés et les plus inutiles de l’époque.

Marié fort jeune, ainsi que l’avait exigé son père, qui, veuf et autoritaire, voulait une belle-fille pour faire les honneurs de ses salons, Robert de Blangy-