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vous avez été appelée chez le procureur de Mantes ; la lettre que vous avez écrite à votre nièce après vous être rendue à cet appel, je l’ai là, sur moi, avec d’autres papiers fort importants qu’elle m’a remis avant de mourir.

« À l’égard de ces papiers et de ses dispositions testamentaires, nous aurons à nous entendre.

« Mme Frémerol a eu soin de s’y prendre de façon à sauver la fortune de sa fille ; cette fortune ne tombera jamais entre les mains de M. de Blangy-Portal ; mais nous avons, nous, le devoir de veiller sur son bonheur, car, vous le pensez bien, elle ne sait rien du passé. Le nom de Jean Mourel lui est absolument inconnu ; il ne faut pas qu’il soit jamais prononcé devant elle.

« Donc, dans le cas où vous seriez demandée de nouveau chez le chef du parquet de Mantes, ne vous y rendez pas sans m’avoir vu. Une dépêche, et j’accourrai à Verneuil. Ou plutôt restez ici, jusqu’à ce que toutes les formalités légales soient remplies. D’ailleurs Me Duhamel, le notaire de Mme Frémerol, vous prie de passer à son étude aujourd’hui même, sans faute. »

Mme Ronsart écoutait tout cela avec stupeur.

Bien qu’elle sût toute la bonne affection que sa nièce avait toujours eue pour le docteur, elle ne s’imaginait pas qu’il fût aussi complètement au courant de son passé maudit, et elle s’effrayait de voir ce secret terrible connu d’un étranger ; mais en arrêtant ses regards inquiets sur Guerrard, elle lut sur sa physionomie une telle franchise, une telle loyauté, un tel dévouement, qu’elle lui dit :