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— Et votre fille, madame, votre fille ! observa le docteur pour tenter d’amoindrir un peu le désespoir de la malheureuse.

— C’est vrai, fit celle-ci, ma chère petite Thérèse ! Ah ! et vous aussi, mon ami, vous aussi ! Mais elle, elle ! je ne la verrai plus jamais !

Et elle retomba lourdement sur le lit, pour éclater en sanglots, ses lèvres convulsionnées sur les mains de la morte.

Mme Ronsart s’agenouilla auprès de Claude, et elles restèrent ainsi en prière presque toute la journée.

Le soir, la duchesse refusa de retourner rue de Lille elle passa la nuit sur une chaise longue, dans le boudoir voisin de la chambre de sa mère, et le lendemain, elle voulut aider les sœurs à étendre dans sa dernière couche celle qui avait si héroïquement racheté les fautes de sa jeunesse.

Néanmoins, malgré tout le courage qu’elle voulait avoir, la fille de Mme Frémerol ferma les yeux lorsque le moment fut venu de visser le couvercle de la bière. Elle n’osait pas regarder une dernière fois celle qui disparaissait pour toujours, et il fallut que Guerrard l’arrachât presque de force à cet horrible tableau.

Pendant que se passaient ces tristes choses, M. de Blangy-Portal, lui, ne donnait pas signe d’existence.

Depuis la veille que sa femme était absente, il n’avait pas même fait prendre de ses nouvelles, mais il s’était bien gardé d’oublier d’écrire à Paul pour lui rappeler que s’il avait autorisé la duchesse à rester rue de