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s’était rendu d’abord à Nice, et s’était mis ensuite à parcourir la côte.

Le duc était dans une situation à peu près analogue. Il avait perdu sa femme depuis quelques mois et, laissant son fils unique, âgé de cinq ans, aux soins de sa gouvernante, il avait quitté son hôtel pour être tout à fait libre de vivre à sa guise, sans souci des devoirs de convenance que lui imposait son récent veuvage.

En reconnaissant dans les salons de jeu le fils du vieux praticien qui avait soigné sa jeunesse, Robert s’empressa de lui adresser tous ses compliments de condoléance, puis il se fit son cicerone dans ce milieu si nouveau pour l’échappé de la Faculté.

Quinze jours plus tard, le gentilhomme et le docteur étaient intimes, et le premier, joueur et coureur, hâta si bien l’explosion des vices qui sommeillaient à l’état latent dans l’âme du second, que celui-ci fut bientôt tout à fait digne de son maître.

Guerrard qui, jusqu’à la mort de son père, s’était contenté d’une pension de mille francs par mois, n’hésitait pas à jeter la maximum. sur la table du trente-quarante, et les femmes frivoles de Monte-Carlo le proclamaient le plus aimable et le plus généreux des cavaliers.

Après, être restés quatre mois dans le Midi, sans y avoir laissé trop de plumes, le duc et Paul revinrent à Paris, et sur ce théâtre plus vaste, plus brillant, plus dangereux encore, ils poursuivirent, folle et fiévreuse, l’existence qui devait amener Robert, au bout de trois ans à peine, à lancer à son compagnon de plaisir, en traversant le pont de la concorde, la nuit où ils sor-