Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/437

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« L’héritage que je vous confie sans contrôle s’élève à plus de six millions. Je le sais dans des mains honnêtes. Je ne veux donc vous rappeler que votre serment de veiller sur Claude.

« Un second testament, tout entier de ma main et confié à Me Duhamel, institue comme ma légataire universelle Mme Ronsart, à qui je laisse mon hôtel de la rue de Prony et mes deux fermes des Ardennes : la Bergerie et le Champerret, dont les revenus sont estimés à 30.000 francs. C’est en réalité ma fille qui hérite de ces immeubles, puisque Mme Ronsart n’a pas de plus proche parent que Claude, dont elle a toujours été la seconde mère et à qui elle pourra léguer sa fortune, sans craindre que nulle contestation puisse être élevée par qui que ce soit.

« Je crois avoir tout prévu.

« Adieu, mon ami, aimez bien ma pauvre enfant, que je n’embrasserai pas avant de mourir.

« Je ne veux pas même me donner cette dernière consolation, et j’espère que Dieu, en raison de ce sacrifice, de cette expiation, me pardonnera mes fautes et le crime que j’ai commis par amour maternel. Adieu ! »

Vingt-quatre heures à peine s’étaient écoulées depuis que Mme Frémerol avait écrit ces lignes navrantes, ne se doutant guère qu’elles seraient lues si peu de temps après par leur destinataire, car c’était le matin même seulement, après avoir reçu la lettre de Mme Ronsart, qu’elle avait mis à exécution son projet bien arrêté de se donner la mort, s’il fallait un jour placer son cadavre entre la justice et sa fille.