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c’est l’amour filial. Ce matin, vers dix heures, Mme Frémerol m’a fait demander ; je me suis rendu immédiatement chez elle ; je l’ai trouvée au plus mal, et c’est moi-même qui suis venu chercher ta femme. Sa mère ne le voulait pas ; j’ai pris cela sur moi. C’est superbe d’avoir le respect de son nom et de tout faire pour le garder intact ; mais, que diable ! il ne faut pas que ces beaux sentiments-là fassent commettre un acte de cruauté.

La docteur disait tout cela au duc dans le fumoir du rez-de-chaussée, où il l’avait entraîné pour être libre de lui parler à son aise, loin de toute oreille trop curieuse.

M. de Blangy-Portal l’écoutait sans l’interrompre, mais il était facile de lire sur sa physionomie la lutte que se livraient en son esprit l’orgueil et la cupidité.

Était-ce bien le moment de se montrer trop dur pour une femme qui héritait d’une fortune énorme dont il jouirait certainement en partie ?

— Oui ! se décida-t-il à dire, oui, tu as eu raison et la duchesse aussi. Cependant elle n’a pas l’intention, je suppose, d’assister à l’enterrement de Mme Frémerol et de porter son deuil ?

— Je pense que ta femme n’a pas l’intention, en effet, de suivre le convoi de sa mère. Du reste, ce n’est pas l’usage. Quant à prendre le deuil, tu ne pourras t’opposer à ce qu’elle le fasse. D’abord elle voit si peu de monde et sort si peu.

— Et mon fils, l’abbé Monnier, nos gens ?

— On leur dira que la duchesse a perdu un parent de province.

— Les choses pourront s’arranger comme cela,