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dans une étreinte sacrée que nul n’oserait tenter de rompre.

— Vous savez bien que c’est impossible, reprit Paul avec douceur ; si celle qui vous aimait tant pouvait encore prononcer un seul mot, ce serait pour vous supplier de partir. Comment expliquerez-vous votre présence ici ? À quel titre…

— Oh ! peu importe ce qu’on supposera, ce qu’on devinera même ! Personne autre que moi ne rendra à ma mère les derniers devoirs.

— Mais votre mari ?

— Mon mari ! Qu’il vienne s’il le veut me chercher au chevet de celle dont sa conduite odieuse a hâté la fin ! Il apprendra ainsi à tous la source de la fortune qu’il a jetée en partie à ses maîtresses. Non, je ne m’en irai pas !

Et laissant tomber sa tête sur la couche funèbre, elle répétait à travers ses sanglots :

— Mère ! pauvre mère !

Guerrard comprit ce qu’il y aurait de cruel à insister pour qu’elle s’éloignât.

Ce qu’il y avait de mieux à faire était de courir informer le duc de la mort de Mme Frémerol, et de lui persuader qu’il ne pouvait réellement s’opposer à ce que sa femme demeurât quelques heures dans l’hôtel de la rue de Prony, où, d’ailleurs, sa présence ne serait connue d’aucun des commensaux ordinaires de la maison, car il aurait soin de donner l’ordre formel de ne laisser entrer qui que ce fut dans la chambre mortuaire.

Il voulait aussi télégraphier à Mme Ronsart de venir immédiatement, afin que la défunte eût près d’elle