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un des meilleurs élèves de Sainte-Barbe, puis il était devenu docteur, par ordre paternel, il est vrai, et non par vocation.

Fils de l’une des célébrités médicales de Paris, il avait pratiqué sérieusement sous la surveillance paternelle, et l’illustre Alexandre Guerrard s’était senti heureux et fier d’avoir un si digne héritier de son nom et de sa clientèle, mais il était mort quelques années trop tôt. Paul, dont un salutaire orgueil professionnel ne s’était pas encore emparé, voulut, dès qu’il fut libre et maître d’une fortune honorable, voir de près ce monde parisien dont les échos joyeux étaient seuls venus jusqu’à lui.

Son intention n’était pas d’abandonner une carrière que le souvenir qu’on gardait de son père lui ouvrait facile et brillante. Il n’avait d’autre désir que celui de vivre un peu, pendant quelques mois seulement, d’une existence moins sévère que celle qui avait toujours été la sienne.

Il comptait, hélas ! sans son tempérament ardent, les nouvelles relations qu’il allait se créer, les entraînements auxquels les plus maîtres d’eux-mêmes ne savent pas toujours résister, et surtout sans la rencontre, dans la fournaise parisienne, du duc Robert, qu’il connaissait en quelque sorte depuis son enfance, Alexandre Guerrard ayant été pendant près de trente ans le médecin et l’ami de la famille de Blangy-Portal.

Les deux jeunes hommes se retrouvèrent à Monte-Carlo. Le deuil qu’il portait et aussi le chagrin réel que lui avait causé la mort de son père ne permettant pas à Paul de se montrer dans le monde à Paris, il