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— Rien, rien… il est trop tard… et je ne veux pas vivre !… Moi morte, Claude sera sauvée !

Elle retenait Guerrard auprès d’elle avec une telle énergie qu’il ne pouvait se dégager de son étreinte.

Il n’y parvint qu’avec un violent effort, et, après avoir glissé dans une des poches intérieures de son vêtement l’enveloppe que Geneviève lui avait remise il appela M. Marceau, qui accourut.

— Elle refuse tout secours, lui dit-il je crains d’ailleurs que ce soit inutile. Voyez !

Le vieux praticien se rapprocha du lit.

Mme Frémerol avait les yeux démesurément ouverts, le regard fixe, avec contraction de la pupille, et le visage congestionné. Si on ne pouvait pas provoquer chez elle une sueur abondante, elle était perdue. C’était bien à l’absorption d’une forte dose de morphine qu’elle succombait.

Paul se pencha sur elle et lui demanda :

— Voulez vous que j’aille chercher votre fille ?

— Claude ici ? fit-elle d’une voix éteinte, oh ! non, non, jamais… Et pourtant… mourir sans l’embrasser… Mon ami ; aimez-la bien, protégez-la… Jurez-moi de suivre encore mes dernières volontés…

— Je vous le jure sur l’honneur !

– Merci ! Un prêtre, mon Dieu !… un prêtre !… Mais c’est l’enfer que j’ai là, dans les veines. Je brûle… Mon Dieu, pardon, pardon !

Et après une sorte de soubresaut convulsif, elle retomba brusquement en arrière pour entrer dans la plus horrible des agonies, en proie au vertige, ne bégayant plus que des mots sans suite, dont elle n’avait pas conscience :