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accent de prière que Guerrard, comprenant qu’il n’avait pas le droit de lui refuser ce qu’elle demandait, prit la lettre et lut rapidement ces lignes :

« Ma bonne Geneviève, je m’empresse de te faire part d’une convocation étrange que j’ai reçue ce matin et à laquelle j’ai dû me rendre tout de suite. J’étais invitée à me présenter sans nul retard au cabinet du procureur impérial de Mantes. J’y suis allée, à deux heures, et ce magistrat m’a demandé ce qu’était devenue ma nièce Rose Lasseguet, veuve de Jean Mourel condamné jadis par la cour d’assises de la Marne.

« Tu penses si j’étais stupéfaite de cette question. Cependant je n’ai pas perdu la tête et, me souvevenant de toutes tes recommandations, j’ai répondu que ma nièce était partie de Reims le lendemain même de la condamnation de son mari, et que je n’avais jamais reçu de ses nouvelles. J’ai même ajouté qu’il me semblait avoir entendu dire, il y avait de cela une dizaine d’années, que tu t’étais embarquée pour l’Amérique.

« J’ai eu tort, probablement, de mentir ainsi, car le passé de Jean Mourel ne te regarde pas, et tu n’as rien à voir avec la justice, mais je n’avais pas le temps de prendre tes instructions.

« Le procureur impérial n’a pas d’ailleurs insisté davantage, mais tu comprends bien que la moindre enquête dans le pays prouvera facilement que Rose Lasseguet et Mme Frémerol ne font qu’une seule et même personne, d’autant plus que notre chère Claude est désignée ici, à la mairie, dans son acte de mariage, sous ce nom de Lasseguet.