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tableau touchant n’arrêta pas une seconde M. de Blangy-Portal.

— Tenez, voici ce que je viens de recevoir, dit-i ! à sa femme, en jetant grossièrement l’assignation auprès d’elle. Vous tenez donc bien à ce que tout Paris sache que j’ai épousé la fille de la Frémerol.

Claude tressaillit sous cet odieux et lâche outrage. Toutefois, demeurant calme, elle sonna, et quand Suzanne fut venue, elle lui confia la petite Thérèse, puis, la domestique partie, elle répondit froidement à son mari :

— Ce n’est pas « la Frémerol » comme vous daignez appeler ma mère, qui est allée chercher M. le duc de Blangy-Portal pour lui donner sa fille en mariage ; par conséquent ce n’est pas ma faute à moi si, pour sauver la fortune de mon enfant, de notre enfant, vous me forcez à rappeler au public mon nom de jeune fille, nom qui n’apprendra à personne, à moins que vous ne trahissiez vous-même ce secret, de qui je tiens la dot dont un tiers a fondu entre vos mains en moins de trois ans. J’ai pris tous mes renseignements. Si vous ne vous défendez pas et acquiescez au jugement qui sera rendu, ce triste débat ne fera aucun bruit. Vous n’en aurez pas moins cent cinquante mille livres de rente, puisque mon avoué a l’ordre de demander que l’un des dispositifs du jugement vous laisse l’entière disposition de nos revenus, sauf une somme de vingt mille francs que je me réserve annuellement pour mes besoins personnels.

— Vous êtes devenue tout coup bien savante en chicane, riposta on ricanant Robert, que ce sang-froid de la jeune femme exaspérait, mais à qui ces der-