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— Restes-tu ici ou vas-tu coucher rue du Bac ? demanda le duc à son ami en ouvrant, à l’aide d’une clef minuscule, la petite porte bâtarde qui était placée à gauche de la porte cochère de l’hôtel.

— Je préfère te demander l’hospitalité plutôt que de rentrer chez moi à pareille heure, répondit Paul. J’ai plus que jamais besoin de l’estime de mon concierge. Je crains qu’il ne commence à douter que je passe ainsi mes nuits à veiller des malades.

Et, suivant son compagnon, il ferma la porte derrière lui.

Ils traversèrent alors la cour d’honneur, gravirent un large perron, abrité par une marquise, et pénétrèrent dans un grand hall, éclairé par une lampe bien près de s’éteindre, et où sommeillait, dans un fauteuil de cuir, un domestique qui, réveillé par le bruit des pas des arrivants, se hâta de les débarrasser de leurs pelisses et de leurs chapeaux.

Ce serviteur empressé était un homme d’un certain âge, aussi correct dans sa tenue, à cette heure avancée, que si on eût été en plein midi.

— Je vous ai prié, Germain, lui dit son maître d’un ton tout à la fois bienveillant et bourru, de ne jamais m’attendre aussi tard.

— Que monsieur le duc me pardonne, répondit le valet de chambre si je ne suis pas couché, c’est que le sommeil m’a pris là, subitement, vers minuit.

— Vous m’avez déjà donné souvent la même excuse. Si je vous retrouve encore une seule fois à pareille heure, je serai forcé de me priver de vos services.

— J’obéirai.

Germain avait précédé les deux amis dans un élé-