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— N’oublie pas, dès que ton départ sera fixé, de m’en instruire, car je partirai d’ici moi-même aussitôt.

— Tu rentreras rue de Prony ?

— Non, pas tout de suite ; je me réinstallerai à Verneuil.

— Pourquoi ? Voici la belle saison finie, et si tu restes à la campagne, il me sera encore plus difficile de te voir je ne pourrai pas profiter d’un moment de liberté, comme je le ferais si tu étais Paris.

— C’est vrai ! Ah ! c’est que la villa Claude ne me rappelle que de bons jours, tandis que la rue de Prony…

Et Mme Frémerol put à peine retenir un frisson, mais néanmoins elle poursuivit :

— À Verneuil, nous vivions ensemble, heureuses, tandis que c’est dans mon hôtel que je t’ai donnée à M. de Blangy-Portal !

— Je t’en conjure, chasse toutes ces tristes idées et dispose-toi à revenir à Paris en même temps que moi. Et puis, à Paris, tu n’auras pas que moi, tu auras encore M. Guerrard, qui te donnera de mes nouvelles et nous ménagera des rendez-vous.

— Il t’aime tant !

— Je crains même qu’il ne m’aime trop !

— Que veux-tu dire ?

— Que l’affection qu’il m’avait tout naturellement vouée, à cause de toi, s’est accrue de son chagrin, de son remords de m’avoir mariée à son ami, et que cette affection a pris, j’en ai peur, une forme plus tendre.

— Cela serait-il possible !

— Tu sais bien que, nous autres femmes, nous nous trompons rarement en ces sortes de choses.

— Eh bien ! tant mieux, s’il en est ainsi !