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Cet hôtel était une de ces belles demeures seigneuriales comme il en existe encore quelques-unes sur la rive gauche de la Seine et dans les quartiers que de nouvelles voies n’ont pas percés, renversant tout devant elles, au profit de la facilité des communications et de la salubrité, il est vrai, mais aussi au détriment du pittoresque et de la physionomie aristocratique du vieux Paris.

La maison se composait d’une massive construction Louis XIII, dont la façade s’étendait sur une grande cour flanquée à droite et à gauche de communs et d’écuries.

Le côté opposé donnait sur un superbe jardin planté d’arbres séculaires. Au fond de ce jardin, une petite porte ouvrait dans une impasse et permettait de sortir de l’hôtel sans passer par la rue de Lille, et, par conséquent, sans être vu du concierge.

Les vestibules étaient vastes, ornés de tapisseries anciennes, et communiquaient avec les étages supérieurs par un majestueux escalier à rampe de fer forgé. Les meubles des grands salons du rez-de-chaussée, qu’on n’ouvrait plus jamais, dataient de trente ans au moins, tandis que dans la salle à manger, le fumoir et les autres pièces, les choses étaient moins sévères, plus au goût du jour.

Tout, dans l’hôtel, avait donc grand air ou était élégant.

C’était bien là une habitation digne de cette illustre famille de Blangy-Portal, qui avait donné à saint Louis des compagnons de captivité en Afrique, à l’Italie un pape, à la France des maréchaux et des ambassadeurs, et dont le chef était celui que nous venons de présenter si brusquement à nos lecteurs.