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— Il est assez naturel que j’ignore les usages dont vous parlez ; vous m’avez si peu donné l’occasion de les apprendre J’ai donc conservé mes idées de petite bourgeoise, et ces idées me commandant de ne pas offrir mon abandon en spectacle, je préfère rentrer à Paris.

— Je m’y oppose absolument. Quant à votre abandon, c’est là un bien grand mot. Je vis comme les hommes de mon milieu, mais je ne sache pas que j’aie jamais déserté ma maison, cessé de m’intéresser à ce qui s’y passe, privé vous et les miens du nécessaire, ni même du superflu. Vous prenez au tragique une chose insignifiante en soi, et comme je ne veux pas que vous alliez demander conseil à ceux qui vous prêchent la révolte, vous ne partirez pas. Vous n’avez vraiment qu’un reproche sérieux à m’adresser : mes insuccès financiers dans les diverses opérations que j’ai entreprises, insuccès qui m’ont forcé d’avoir recours à vous. Je regrette vivement de l’avoir fait et je ne me hasarderai pas à recommencer. Du reste vous avez pris vos précautions par une mesure qui m’a blessé et que vous songez à rendre encore plus complète, j’en suis certain.

À ces mots : insuccès financiers, par lesquels le duc traduisait cyniquement ses gaspillages pour Léa Morton, la duchesse répondit avec un regard méprisant :

— J’ai l’intention, en effet, de demander ma séparation de biens, par devoir pour ma fille et dans votre propre intérêt.

Robert réprima un mouvement de colère et répliqua, en haussant les épaules :

— Cela vous regarde, mais j’espère cependant que,