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Lorsqu’il arriva, une heure plus tard, à la villa des Roses, il put aussitôt juger que la duchesse s’apprêtait réellement à retourner à Paris, car le vestibule de la maison était déjà encombré de malles. Suzanne, qu’il aperçut la première, lui apprit que sa maîtresse venait de remonter chez elle. M. de Blangy-Portal s’empressa de la rejoindre.

— Ainsi, lui dit-il brusquement, en se présentant dans la chambre où elle se trouvait, vous êtes décidée à quitter la campagne ?

-Oui, répondit Claude, sans paraître surprise de l’apparition de son mari.

— Alors j’arrive à temps pour vous empêcher de faire une sottise.

— Je ne saisis pas.

— Rien de plus simple cependant. J’ai eu beau faire hier, on n’a pas cru à votre migraine subite.

— Si on a deviné juste, mon humiliation n’en est que plus grande. Cela prouve que tout le monde connaît votre liaison avec cette fille.

Le duc se mordit les lèvres ; il ne s’attendait pas à une réponse aussi logique. Sa mauvaise humeur s’en accrut et, perdant le peu de calme qui lui restait, il riposta sèchement :

— Il ne s’agit pas de ce que vous croyez à tort qu’on suppose, mais de l’effet que produirait votre éloignement. Je désire que vous restiez ici jusqu’au moment où nous retournerons ensemble à Paris. Vous n’êtes pas une petite bourgeoise, libre de faire des scènes de jalousie à son mari. Vous êtes la duchesse de Blangy-Portal, et c’est en femme de notre monde que vous devez vous conduire.