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au courant de tout, cesserait de conseiller à sa fille la résignation. Elle la pousserait, au contraire, a demander sa séparation de biens.

Qui sait si même elle ne lui suggérerait pas l’idée d’aller plus loin encore ?

Il y avait là un véritable péril que Robert voulait écarter à tout prix.

Une séparation de biens serait déjà très fâcheuse, puisqu’il ne pourrait plus puiser, à peu prés à son gré, dans la dot de sa femme, tandis qu’une séparation de corps lui enlèverait même le droit de jouir en commun de revenus restés fort beaux, et qui s’élèveraient un jour, grâce aux millions de Geneviève, à une somme considérable quatre à cinq cent mille francs de rente, au moins.

De plus, si la duchesse demandait aux tribunaux de lui rendre sa liberté, cela donnerait lieu à un procès de nature à réveiller singulièrement la curiosité publique à propos de sa famille et des sources de sa fortune.

L’état-civil de Claude, qu’on avait si bien réussi à cacher à l’époque de son mariage, serait peut-être mis en évidence, et le nom des de Blangy-Portal ne sortirait pas sans souillure de toutes ces tristes révélations.

Il ne fallait donc pas que rien de semblable arrivât, et le seul moyen d’éviter ce double malheur, c’était de ne pas fournir à la jeune femme de prétexte suffisant à une action judiciaire.

Rien n’était plus facile, en raison du texte même de la loi. Le duc se promettait d’agir en conséquence et, cette ligne de conduite adoptée, il courut chez Léa pour lui annoncer qu’il était obligé d’aller à Houlgate.