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rol, de la fenêtre où elle était accoudée, reconnut sa fille. Elle vint elle-même lui ouvrir.

— Toi ! lui dit-elle. Quoi donc encore de nouveau ?

Claude prit le bras de sa mère et lui raconta ce qui venait d’avoir lieu à Trouville.

— Le misérable ! s’écria Geneviève. Mais il est donc aussi bête que vicieux ! Ma pauvre chérie, que vas-tu faire maintenant ?

— Je suis venue pour t’en informer. Je retournerai demain à Paris avec ma fille, et je prierai Me Andral de s’occuper immédiatement de ma séparation de biens.

— Ne crains-tu pas que ton mari, une fois au courant de tes projets, ne te fasse une existence de plus en plus impossible ?

— Alors je me séparerai complètement de lui.

— S’il t’en fournit les moyens. Or, comme il t’a épousée pour ta fortune, il ne risquera pas de retomber dans la gêne d’où je regrette de l’avoir tiré.

— Eh bien ! je continuerai à ne vivre que pour ma fillette et pour toi !

Et ses forces étant à bout, son courage épuisé, la malheureuse se jeta en pleurant dans les bras de sa mère.

Pendant ce temps-là, Robert, de retour au théâtre, racontait à ses amis qui, du reste, n’en croyaient pas un mot, car ils avaient fort bien compris ce qui s’était passé, que la duchesse, subitement incommodée par la chaleur de la salle, avait dû rentrer chez elle, et vers minuit, au moment même où Claude, revenue à Houlgate et penchée sur le berceau de sa fillette endormie, la fixait avec amour de ses yeux pleins de