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LA DUCHESSE CLAUDE


I

DÉCAVÉS


Il était quatre heures du matin, lorsque la porte du Cercle impérial, à l’angle de la rue Boissy d’Anglas et de l’avenue Gabriel, livra passage à deux membres de ce club, qui, après avoir hésité un instant, refusèrent d’un geste de mauvaise humeur la voiture qu’un valet de pied avait fait avancer, et se dirigèrent tout droit vers la Seine.

La nuit était triste, sombre, sans lune, sans étoiles, et le froid très vif. Un vrai temps de novembre, humide et glacial.

Les deux clubmen étaient jeunes. Cela se devinait à leur tournure sous les grandes pelisses de fourrures dont ils avaient relevé les collets.

Ils traversèrent la place de la Concorde d’un pas alerte, sans échanger une parole ; mais quand ils furent arrivés sur le pont, l’un des noctambules dit à l’autre, en lui montrant le fleuve, lugubre et rapide, sur lequel dansaient, semblables à de sinistres feux