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wagon, en toilette de soirée, la route d’Houlgate à Trouville, le duc lui avait proposé de venir s’habiller à l’hôtel de Paris, où il avait un pied-à-terre. Elle avait accepté et quand, après le dîner, Robert vint la rejoindre pour la conduire au théâtre, il ne put s’empêcher de reconnaître qu’elle était non seulement fort belle, mais, de plus, mise avec un goût exquis.

Sa robe de faille blanche à longue traîne et garnie de merveilleuses dentelles de Cluny, moulait sa taille et son buste élégant. Elle ne portait aucun bijou dans ses cheveux ni à ses oreilles, mais elle avait au cou le superbe collier de diamants qu’elle tenait de sa mère et qui valait, disait-on, plus d’un demi-million.

Après avoir exprimé galamment son impression à la duchesse, M. de Blangy-Portal donna l’ordre de faire avancer la voiture ; ils y prirent place tous deux et partirent, Claude de plus en plus persuadée que son mari tenait à protester, en se montrant avec elle, contre les suppositions auxquelles pouvait donner lieu son existence en dehors de chez lui, et Robert un peu inquiet de l’effet qu’allait produire son arrivée au théâtre, en compagnie de celle que ses amis les plus intimes avaient aperçue à peine deux ou trois fois.

Convaincu que la duchesse ne savait rien de sa liaison avec Léa et qu’elle ne connaissait pas même celle-ci de nom ni de vue, il ne pensait pas, dans son absence de sens moral, qu’il y eût le moindre inconvénient à ce que sa femme et sa maîtresse se trouvassent en quelque sorte face à face. Il craignait seulement que la Morton, malgré testes ses promesses, ne se permît de lorgner sa rivale légitime d’une ma-