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duchesse ne te connaît pas, ta présence au théâtre n’éveillera, par conséquent, en elle aucun soupçon ; mais tu es trop jolie pour passer inaperçue ; elle te remarquera certainement. N’affecte donc pas de la regarder plus qu’il n’est convenable.

— Me prends-tu pour une sotte ?

_ Non, mais pour une femme jalouse, ce qui me flatte. Je compte sur toi !

— On saura être digne de vous.

À la même heure, seule dans son appartement et réfléchissant de nouveau à ce qui s’était passé entre elle et son mari, Claude s’applaudissait de sa détermination, sans s’avouer qu’elle lui avait été dictée en partie par l’orgueil bien légitime auquel n’échappent pas les femmes les plus honnêtes, celui d’affirmer leurs droits.

Se montrer au bras de M. de Blangy-Portal en public, à une représentation donnée par la Patti, dans une telle réunion mondaine, ne serait-ce pas prouver que si le duc était époux infidèle, il n’en était pas moins fier de celle qui portait son nom ?

Et même, pensait-elle, peut-être en effet, ainsi que le disait Guerrard, la liaison de Robert avec la Morton n’avait jamais été sérieuse, et il se pouvait que ce fût dans le but de le prouver qu’il désirait qu’on le vit avec sa femme.

À force de se dire toutes ces choses, Claude finit par se persuader qu’elles étaient vraies, et bien que cela ne lui fit pardonner rien à son mari, elle ne songea plus, par amour-propre, qu’à éclipser par son élégance et sa beauté celle qui, un seul instant, croyait-elle, avait été sa rivale.

Afin d’éviter à sa femme l’ennui de faire dans un