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— Alors, tout est bien !

Et tendant avec grâce la main à Me Andral, qui la prit respectueusement, Claude se retira, très fière d’avoir été aussi ferme mais quelques moments après, lorsque, seule dans le coupé qui la conduisait rue de Lille, elle songea à ce qu’elle venait de faire et à la pensée de la colère qu’en éprouverait M. de Blangy-Portal, elle ne put s’empêcher de trembler.

Il ne fallut rien moins que le souvenir de la scène dont elle avait été témoin à Villerville pour lui rendre toute son énergie, et le lendemain matin, après avoir passé la nuit dans ce grand hôtel vide, où ses illusions de jeune fille avaient disparu une à une et où l’isolement s’était fait si complet autour d’elle, la duchesse était disposée à résister à son mari par la force d’inertie, jusqu’au moment où il la contraindrait à avouer les vrais motifs de sa nouvelle façon d’être à son égard.

Ce parti bien arrêté, elle écrivit un mot à Guerrard que, inconsciemment, elle préférait ne pas voir, pour l’informer de ce qu’elle avait fait à Paris, et elle prit le train de midi, afin de passer quelques instants à Brimborion et de rentrer néanmoins à Houlgate le soir même, ainsi qu’elle l’avait promis.

Geneviève, qui n’attendait pas sa fille, craignit d’abord, en la voyant arriver, qu’il ne se fût produit quelque chose de nouveau entre elle et le duc mais Claude la rassura bien vite et lui raconta franchement sa visite à Me Andral.

— Ainsi, s’écria Mme Frémerol indignée, ton mari, en moins de deux ans, a dévoré près du quart de ta dot ; tu sais comment et pour qui ! J’espère que tu vas