Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/366

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cent mille francs à sa disposition d’ici à une huitaine de jours. Je ne lui ai pas encore répondu.

— Il faut le faire d’une façon affirmative, dit vivement Claude, sans paraître surprise de ce nouvel appel de fonds. Je vais, si vous le voulez, vous y autoriser par un mot, mais je vous serai obligée de me remettre mon pouvoir. Je désire que ce soit à moi que M. de Blangy-Portal s’adresse désormais. Je veux me réserver le plaisir de lui être agréable directement.

— Je vous avoue, madame la duchesse, que vous me rendez là un véritable service. Je crains que M. le duc ne se lance dans des spéculations hasardeuses et ne compromette votre fortune. Vous aurez le droit, vous, de lui faire des observations, tandis que moi, couvert par votre signature, j’aurais été forcé de lui obéir. La voici !

Il avait pris dans un des tiroirs de son bureau le papier timbré que l’imprudente jeune femme avait signé en blanc, et il le lui donna avec un soupir de soulagement, en disant :

— Lorsque j’écrirai à M. le duc pour lui envoyer les deux cent mille francs, l’avertirai-je que vous m’avez repris votre pouvoir !

La fille de Geneviève réfléchit un instant et répondit :

— Oui, mais peut-être serait-il préférable que mon mari ignorât ma visite ici. Soyez assez bon pour lui faire savoir que je vous ai demandé la procuration par lettre. Vous ne voyez à cela aucun inconvénient ?

— Aucun, car si vous m’aviez fait l’honneur de m’écrire dans ce sens, je me serais empressé de répondre à votre désir.