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Tout cela bien pesé, il jugea que le mieux était de paraître n’avoir rien à redouter, et il voulut l’accompagner jusqu’à Trouville, où il la mit dans le train de onze heures du matin. Il était convenu qu’elle reviendrait le lendemain soir.

Ce jour-là, Mme de Blangy-Portal ne put donc aller à Brimborion, mais comme elle avait télégraphié à Me Andral de l’attendre, elle le trouva chez lui, à cinq heures et demie.

Ce n’était pas sans une certaine appréhension que le notaire avait reçu la nouvelle de cette visite, car s’il ne s’était permis aucune observation en remettant au duc cinq cent mille francs, il n’en avait pas moins trouvé, en administrateur sachant compter, que son noble client allait un peu vite avec la dot de sa femme, et il se reprochait, en son for intérieur, de s’être exécuté aussi facilement, sans même échanger quelques mots à ce sujet avec la duchesse.

Aussi celle-ci lui trouva-t-elle la physionomie assez embarrassée, quand elle lui dit :

— Cher monsieur, je viens tout exprès à Paris pour vous demander si M. de Blangy-Portal pourrait, avec la procuration que je lui ai remise, toucher une somme supérieure à celle dont il avait besoin : cinq cent mille francs, je crois.

— C’est bien cette somme, madame la duchesse, répondit l’officier ministériel, que j’ai versée à monsieur le duc, et vous arrivez fort à propos pour soulager ma conscience un peu troublée. Votre mari pourrait, en effet, engager tout ce que vous possédez à l’aide du pouvoir qu’il tient de vous. Justement il vient de m’écrire pour me demander de tenir deux