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deviendrai-je dans ce grand hôtel, seule, sans amis, car nous ne recevons plus personne, et condamnée à vivre auprès de Gontran qui me haït ?

— Bon sang ne saurait mentir ! J’ai peur que le fils ne vaille pas mieux que le père !

— Je vous en prie !

— Ah ! c’est que je connais bien Robert et c’est ce qui rend ma faute moins excusable encore. J’avais espéré qu’il se corrigerait ! Fou que j’étais ! Tenez, je ne suis qu’un misérable. Je vous en conjure, pardonnez-moi.

Guerrard s’était agenouillé devant Claude comme devant une sainte.

Effrayée de cet hommage, si respectueux qu’il fût, la duchesse quitta vivement son siège et, tendant les mains au docteur pour le forcer à se relever, elle lui dit avec un doux accent de tristesse :

— Je n’ai pas à vous pardonner, puisque je ne vous rends responsable de rien de ce qui se passe. Je suivrai votre conseil, j’irai chez mon notaire, je m’entendrai avec lui pour que le mal ne puisse s’aggraver encore. Le duc prendra ma démarche comme bon lui semblera. Vous, allez rassurer ma pauvre mère, que je verrai demain dans la matinée, en passant par Villerville, et restez-nous fidèle, n’est-ce pas ? Qui sait combien un jour votre dévouement me sera nécessaire ? Adieu, ou plutôt, au revoir !

Guerrard comprit que ces mots étaient, de la part de la jeune femme, une prière de la laisser seule. Alors il effleura de ses lèvres la main qu’elle lui tendait et se retira sans ajouter une parole.

À peine était-il parti que la fille de Geneviève s’af-